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Retour des Alpages & Médiévales d'Andilly : "Les fêtes ne sont à personne, ni à droite, ni à gauche"

Retour des Alpages & Médiévales d'Andilly : "Les fêtes ne sont à personne, ni à droite, ni à gauche"
Le Retour des Alpages à Annecy

Plusieurs fêtes haut-savoyardes ont obtenu le label des Plus belles fêtes de France.

Une décision qui semble positive de prime aborde, mais qui révèle une affaire qui a fait beaucoup de bruit. Car derrière ce nom se cache un homme, Pierre-Edouard Stérin. En juillet 2025, le journal L'Humanité avait révélé la présence de ce milliardaire d'extrême-droite qui soutenait le label à travers son agence Studio 496. Quelques mois plus tôt, une autre affaire avait éclaté, celle du projet Périclès où Pierre-Edouard Stérin a pour objectif de financer le Rassemblement National en vue des élections de 2027. Depuis, plusieurs associations ont préféré se détacher du label, mais pas le Retour des Alpages ni les Grandes Médiévales d'Andilly. 

Et ce pour une raison simple, c'est "beaucoup de bruit pour pas grand-chose", déclare Vincent Humbert, président du Grand Parc d'Andilly. Il voit avant tout les avantages que cela peut lui apporter : "C'est une initiative belle. Je suis fou amoureux des plus beaux villages de France, il faut essayer de les soutenir." Par ailleurs, Vincent Humbert veut détacher l'image des Plus belles fêtes de France de celle du Rassemblement National : "On ne nous a pas donné de l'argent pour qu'on pousse à voter RN", dit-il en soupirant. Ce à quoi il ajoute : "Ce sera une belle initiative qui ne doit pas être politisée." 

"Les fêtes ne sont à personne, ni à droite, ni à gauche"

Du côté du Retour des Alpages, la situation est identique. Pour Antoine Carré, président d'Annecy Traditions qui organise la fête, il évoque avant tout le "cahier des charges du label, c'est formidable. Il faut s'intéresser au patrimoine immatériel avec des fêtes de haute qualité". D'autant plus que si les Médiévales d'Andilly font payer l'entrée, ce n'est pas le cas du Retour des Alpages, ce qu'explique son président : "J'ai des partenaires, des sponsors, des mécènes, mais une fête se finance. Je passe mon année à faire la quête." Finalement pour Antoine Carré, le clivage politique l'importe peu : "Si j'avais un milliardaire de gauche ou de droite dans mes adhérents, je passerai pas mon temps à me buter." 

D'autant plus qu'une fête ne doit pas être politisée selon lui : "Les fêtes ne sont à personne, pas de gauche, pas de droite, on s'en fout. [...] Histoire, tradition, patrimoine, terroir, on va dire que ce sont des valeurs de droite ? Il faut arrêter ces conneries." 

"Il y a un risque de faire du dégât"

Mais à Annecy, le maire François Astorg n'a pas tardé à réagir lorsqu'il a appris que le Retour des Alpages garderait ce label, parlait d'un choix "regrettable". Antoine Carré a préféré ne pas y répondre, estimant juste qu'il n'avait pas la même position que lui sur ce sujet. Il veut tout de même rappelé qu'il n'a pas été tout seul à prendre cette décision : "On y a adhéré après en avoir parlé en assemblée générale. En fin d'année, je ferai le bilan." Mais il admet pour autant avoir eu quelques retours compliqués : "Je ne vais pas vous parler de pression, mais on m'a dit 'Attention, faut faire gaffe'."

Si ce label continue de faire du bruit, Vincent Humbert craint que cela puisse justement nuire aux fêtes françaises : "Il y a un risque de faire du dégât. Alors que c'est un endroit où la droite, la gauche, les musulmans, les catholiques partagent un moment. Ne fracturons pas les associations françaises."

Alors que, précisément pour Antoine Carré, il faut juste voir le label pour ce qu'il est : "C'est une récompense, comme une étoile au Guide Michelin." Un travail qui récompense aussi les bénévoles, "des gens exceptionnels, de bonne volonté" pour Vincent Humbert. 

Antoine Carré s'exprime sur ce sujet.