Le conseil municipal doit officiellement se prononcer sur la fermeture ou non de la station de la Sambuy. Ce sera d’ailleurs le tout premier point à l’ordre du jour de la réunion entre élus ce soir à 18h30. L’Association « Tous ensemble pour la Sambuy » a d’ores et déjà décidé de réagir et appelle les habitants à manifester ce soir dès 18h dans le parc Simon Berger de Faverges Seytenex. Un restaurateur de la station a également décidé d’adresser une lettre aux élus du conseil municipal avant le vote de ce soir pour tenter de les alerter sur les risques d’une éventuelle fermeture.
Le Courrier est à retrouver ici:
Mesdames et Messieurs les élus de Faverges-Seythenex
Bonjour à tous,
En ces heures de prise de décision, et étant le principal commerce du lieu, il nous semble légitime de nous exprimer auprès de vous, élus de Faverges-Seythenex.
La plupart d’entre vous nous connaissent, ou connaissent notre établissement et connaissent aussi notre opinion sur les questions relatives à la Sambuy / Val Tamié…
Nous avons participé avec ferveur et passion à toutes les réunions sur le devenir de nos sites, dans le dialogue, et en essayant d’apporter une vision du quotidien et des demandes de la clientèle de la station.
Notre désir a toujours été d’être force de proposition, de construction et d’avenir.
Depuis un an, nous discutons, échangeons, dialoguons, avec engagement, pour apporter des solutions viables à l’avenir de nos sites de la Sambuy et du Val de Tamié.
Nous nous sommes peu exprimés dans les médias et réseaux sociaux pour préserver la sérénité des débats organisés, à juste titre, par la municipalité et pour ne pas ajouter de cacophonie ou de «petites phrases» aux propositions légitimes faites par d’autres citoyens et associations.
Depuis dix ans que nous sommes installés à la Sambuy, nous avons toujours été partenaire de la station.
Notre entreprise et sa viabilité étant liées, de fait, à la pérennité du site.
Nous sommes très conscients des problèmes de changement climatique que nous vivons au quotidien de par notre proximité avec la montagne.
Et nous sommes très conscients également que nous ne pouvons plus considérer «l’or blanc» comme nos grands parents...
C’est à notre génération, à nous professionnels du milieu montagnard, à vous élus responsables, qu’il incombe la tâche de «réinventer» le tourisme en montagne et son économie.
C’est d’ailleurs une des fortes raisons qui nous a fait choisir la Sambuy il y a une décennie… Car depuis 2011, le changement vers un avenir estival était déjà amorcé...
Car le potentiel d’un avenir 4 saisons est énorme de par la proximité avec la «destination» lac d’Annecy...
Et car enfin, ce massif authentique est pour nous, un condensé des activités de plein air, des activités ancestrales et aussi des valeurs que l’on trouve en montagne...
Respect de la nature, pédagogie, accueil et découverte pour le plus grand nombre, effort, courage, convivialité, partage, éducation au milieu alpin...
La Sambuy / Val de Tamié, c’est tout cela, et bien plus encore…
Mais pour qu’elle le reste et pour que nous la réinventions, il faut que les services qu’offre la station soit OUVERTS !
Beaucoup d’autres sites alpins sont ou seront confrontés aux mêmes problèmes dans les années qui viennent… Beaucoup nous / vous observe...
La Sambuy, qui fait déjà office de précurseur, peut devenir «un laboratoire des solutions» pour une montagne d’avenir donnant de l’espoir aux futures générations de notre territoire et de l’arc alpin au sens plus large.
Une vision d’une activité économique montagnarde viable et respectueuse de son milieu dans un avenir proche, même sans ski alpin…
Hors, en cas de fermeture, rien n’est pour le moment prévu…
-Quid du démantèlement de la station et son coût ?
-Quid de l’entretien de la route qui redeviendra probablement communale ?
-Quid de l’avenir des installations (via ferrata, site d’escalade, décollage parapente FFVL, chalet Favre...) qui ne seront plus ou peu utilisées sans télésiège…
Des investissements pour rien ?
-Edf, la commune et le département ont investi 3 millions d’euros pour enterrer les lignes il y a 5 ans… Argent public gâché ?
-Quid des salariés permanents et saisonniers de la station ?
-Et enfin, quid des acteurs locaux ? Des commerces directement liés à la station ?
-Quid de notre avenir professionnel et personnel ?
Je vous ai écrit ce texte hier soir….
Et ce matin, j’ai l’intense surprise, en lisant le dernier paragraphe de la lettre de Mr le maire, que notre discours a finalement porté, en fait !… Que lui aussi veut garder la Sambuy ouverte ! Contrairement à toutes ses affirmations passées… Qu’il pourrait presque faire parti de TEPS ! Qui est une association de citoyens concernés, conscients et responsables... Pas d’opposants politiques, comme Mr le maire le suggère…
J’espère naturellement que ce nouveau point de vue n’est pas opportunisme d’urgence et fumisterie...
Nous sommes d’ailleurs très surpris que vous ayez gardé le silence sur ce projet jusqu’à hier, alors qu’il était bien plus rassembleur que votre discours habituel...
Mais que, sous couvert de belles intentions et d’une écriture à la limite du lyrique Mr le maire ne connaît pas vraiment son sujet… Ni les attentes, de tous les nouveaux pratiquants… (l’OT devrait pouvoir vous renseigner). Peut être que vos «conseils» sont peu usités aux activités de montagne… ?
En effet, pour laisser la montagne accessible au plus grand nombre, et réinventer le tourisme montagnard, nous savons que la clientèle a besoin de nature, mais aussi de services et d’activités ludiques accessibles, c’est le rôle du télésiège pour ces 2 aspects… Nos visiteurs cherchent l’aventure et la vie sauvage des montagnes, certes... Mais avec des toilettes à proximité...
La luge, qui est rentable, permet d’être «l’activité en plus» sur le site, faisant que nos touristes et locaux choisissent la Sambuy plutôt que les Aravis pour passer la journée à découvrir et à pratiquer la montagne… Avec tout à portée de main pour une expérience réussie. Ces services forment un tout...
Je m’explique avec l’exemple de la via ferrata : celle ci fut conçue pour les débutants et l’initiation parce qu’elle est accessible par le télésiège… Son parcours s’effectue en 30 à 45 minutes avec un accès court depuis le sommet de la station, idéale donc pour les non sportifs et les enfants… Mais, sans télésiège, avec 700m de dénivelé et donc environ 2h30 de marche d’approche, plus d’enfants et peu de débutants, car d’autres via ferrata voisines offrent un ratio grimpe/ludisme/approche bien plus intéressant…
Peu de guides aussi, car elle ne pourra plus se parcourir en demi-journée... De plus, très peu de ferratistes confirmés, car ils ne verront aucun intérêt à ce parcours pensé pour les débutants...
Il en est, bien sûr, de même pour l’école d’escalade… Et aussi pour les grandes voies en face sud, car tout autour de nous existe des sites aussi bien et moins loin…
Autre exemple, sans télésiège, pensez vous que beaucoup de parapentistes vont porter leurs gros sacs 2h30 sous le soleil ? Avec toutes les autres aires de décollage facilement accessibles sur notre territoire des sources du lac ?
Mais soyons ouverts, le but est la recherche de solutions.
Alors CHICHE Mr le maire ! CHICHE ! Faisons le ! Gardons la montagne de la Sambuy ouverte en mettant en place ces belles idées !
Mais pour cela, les idées ne suffisent pas, vous le savez… Vous l’avez même écrit...
Les «y a qu’à», «faut qu’on» ne suffisent pas…
Pour cela il faut un projet volontaire, ficelé et réfléchi… Projet que vous n’avez jusqu’à présent, jamais évoqué avec les premiers acteurs concernés… Vous nous évitez depuis la troisième réunion de concertation, l’adjoint au commerce ne nous a pas adressé la parole depuis des semaines et aucun élu de la commission Sambuy n’était présent à la fermeture du 5 mars ni à l’ouverture du 13 mai…
D’ailleurs avec qui l’avez vous évoqué ce projet ? Quels professionnels de la montagne ? Rien de ce type n’apparaît dans le scénario de fermeture des cabinets d’audit ?
De fait, en suivant votre raisonnement de «renaissance», démonter les installations n’a plus aucun sens. Ou au mieux, ne serait il pas prématuré ?
Une phase de transition et d’expérimentation, jusqu’à la grande visite du télésiège (2025 avec dérogation) ne serait elle pas la solution ?
Se laisser ce temps pour «réfléchir et essayer» ne vous semblerait il pas logique ?
Pour accéder à des subventions, n’avez vous pas besoin de temps ?
Avez vous déjà des engagements chiffrés du département ? De la région ?
Au vu de vos idées nouvelles, mais sans vrai projet, décider aujourd’hui, de l’arrêt et du démontage, ne serait il pas mettre la «charrue avant les boeufs» ?
Sur un plan plus personnel maintenant…
Depuis plus d’un an, nous et notre entreprise vivons avec une épée de Damoclès au dessus de la tête…
Les menaces de fermeture, le dénigrement des commerces de la station, le non respect de notre travail professionnel ou associatif et l’incertitude de l’avenir sont très difficiles à supporter au quotidien.
Les commerces actuels de la Sambuy ne sont pas des gérances !
Nous avons mis toutes nos économies et contracté un prêt important lors de l’achat de notre fond de commerce fin 2013...
Depuis, l’entreprise a toujours été en progression (hors covid), nous avons atteint le doublement du chiffre d’affaire de l’époque d’achat après 7 ans d’exploitation, signifiant un possible prix de vente lui aussi doublé… Après le Covid, nous avons continué les investissements par la création d’un snack…
Pour nous retrouver face à la fermeture ? Face à quel avenir ?
Comment préparer une saison avec motivation alors que nous vivons dans l’expectative ? Que nous n’avons aucune vision à plus de 3 mois de notre activité ? Que nous n’avons pas d’information de l’équipe municipale sur une suite possible ?
Comment embaucher avec ferveur ? Et accueillir nos visiteurs avec passion ?
Aujourd’hui, l’Avalanche c’est :
-8000 à 10 000 couverts de restauration servis/an (hors snack et boissons)
-2 emplois à l’année.
-5 à 6 emplois saisonniers l’été (2,5 mois).
-5 à 6 emplois saisonniers l’hiver (3,5 mois).
-Des fournisseurs locaux pour 75% de nos produits.
-Des partenariats avec des associations, des moniteurs et des guides de montagne.
-15 000€ annuels de loyers versés à la commune (pris en compte dans les chiffres Sambuy d’ailleurs ? Comme les loyers des autres commerces ?).
-Des impôts locaux et de société.
-De l’accueil et de la promotion touristique pour tout le territoire des sources du lac.
Alors on nous a bien évoqué un «accompagnement», sans jamais rentrer dans les détails ni nous en parler directement ou provoquer une réunion.
De «reconversion», comme pour des salariés d’une usine fermée, alors que nous sommes dans la restauration depuis 20 ans en indépendants…
De 200 à 300 000€ à partager entre tous les commerces comme indemnisation (argent public encore)… Ce n’est même pas l’estimation du prix de notre seul fond !!!
Nous sommes restaurateurs… Et entrepreneurs… Comme Mr Dalex l’a été.
Nous sommes des chefs d’entreprise prenant des risques dans chaque nouvelle société, qui est toujours un pari économique et humain.
Mais voir notre vie, ainsi que tous ces efforts entrepreneuriaux et sociaux se faire réduire à néant par une décision politique allant à l’encontre de la protection du tourisme et du commerce local est proprement incompréhensible et insupportable pour nous, acteurs du territoire.
Je ne me lancerai pas aujourd’hui dans une bataille de chiffres ou d’idées, nous avons eu plusieurs réunions et une année pour en débattre. Bien que visiblement, les idées peuvent évoluer vite… (voir plus haut).
Mais nous connaissons les chiffres de notre établissement, qui sont publics, et nous sommes fidèles à nos valeurs de montagnards et d’entrepreneurs.
Il était donc important de porter à votre connaissance ces faits avant votre vote de mercredi…
Vote où vous scellerez l’avenir de la Sambuy et Val de Tamié…
Vote où vous scellerez l’avenir des partenaires de la station…
Vote où vous scellerez notre avenir à tous…
Merci de nous avoir accordé votre temps par la lecture de ce texte.
Merci de considérer toutes ces informations lors de votre vote, en votre âme et conscience, et pour le bien commun.
Virginie Lecomte et Cyril Michaud
L’Avalanche, ski bar et restaurant